7.3.13

Baudelaire

De vegades tinc necessitat d'agafar un llibre, el primer que em caigui a les mans, i llegir alguna cosa. L'altre dia el que estava més a mà era una vella edició francesa de Les flors del mal i la casualitat va fer que s'obrís per les pàgines 340 i 341, que em van oferir aquests dos poemes -Noves flors del mal-, extraordinaris.

L'avertisseur

Tout homme digne de son nom
A dans le coeur un Serpent Jaune,
Installé comme sur un trône,
Qui s'il dit: " Je veux ! " répond: " Non ! "

Plonge ses yeux dans les yeux fixes
Des Satyresses ou des Nixes,
La Dent dit: " Pense à ton devoir ! "

Fais des enfants, plante des arbres,
Polis des vers, sculpte des marbres,
La Dent dit : " Vivras-tu ce soir ? "

Quoi qu'il ébauche ou qu'il espère,
L'homme ne vit pas un moment
Sans subir l'avertissement
De l'insupportable Vipère.


Hymne

A la très-chère, à la très-belle
Qui remplit mon coeur de clarté,
A l'ange, à l'idole immortelle,
Salut en immortalité !

Elle se répand dans ma vie
Comme un air impregné de sel,
Et dans mon âme inassouvie
Verse le goût de l'eternel.

Sachet toujours frais qui parfume
L'atmosphère d'un cher réduit,
Encensoir oublié qui fume
En secret à travers la nuit,

Comment, amour incorruptible,
T'exprimer avec verité ?
Grain de musc qui gris, invisible,
Au fond de mon éternité !